Nos adorations sont une correction de nos imperfections
L’Éternel ne nous a créé ni ange ni démon. Cependant, Il nous rappelle souvent la valeur respective de ces créatures. Sans doute qu’il y a en cela une invitation à s’inspirer de l’honorabilité et de la pureté des uns pour s’en approcher et la méchanceté des autres afin de s’en éloigner. L’être humain se situe à mi-chemin entre l’élévation angélique et la déchéance satanique. L’ambition de l’Homme est de parvenir à trouver la parfaite alchimie dans l’espoir de se réaliser pleinement. Ce parfait équilibre reste le propre d’une élite incarnée par les Prophètes (paix sur eux). Le commun des mortels, que nous sommes, lutte sans trêve pour se délester du poids de ses fautes et gravir péniblement l’obliquité de ses penchants afin de revoir la lumière (anges) et vaincre les ténèbres (démons). Ce cheminement périlleux révèle à bien des égards nos imperfections intrinsèques et extrinsèques. Intrinsèques, car les besoins de manger, de boire, de se reposer la nuit et d’assouvir tout autre désir spécifique aux humains en sont une éloquente illustration. Extrinsèques, puisque tous les fils d’Adam fautent et sont appelés à rectifier cela par le repentir. C’est dans cette perspective que les actes de dévotion agissent comme une correction de nos imperfections. La satisfaction des besoins et désirs naturels, bien que nécessaires, est une conséquence de nos appétits charnels. La correction apportée à cet égard est la purification par les petites et les grandes ablutions. L’insouciance est renversée par la prière et l’évocation du Seigneur. La paresse est aussi secouée par les veillées nocturnes en prière. L’avarice se combat par le biais de la zakāt et de l’aumône, alors que l’impulsivité est chassée par le pèlerinage. La période du Ramadan avec le jeûne, les prières nocturnes, les aumônes et le partage est un concentré de correction de nos imperfections. Nous ne mangeons pas, nous ne buvons pas, nous nous abstenons de répondre à des besoins charnels durant le jour et la nuit nous enchaînons avec les prières. Si nous acceptons de nous priver d’une partie de notre nature terrestre, c’est pour laisser notre côté céleste s’exprimer. Le jeûne libère pour nous le temps et l’espace afin que les anges et les hommes proclament à l’unisson la Grandeur du Pardonneur. Les anges sont autorisés à venir à la rencontre des humains aux heures des prières de jour comme de nuit durant lesquelles ils s’alternent. Ils participent à l’office du vendredi. Ils sillonnent les horizons pour y entendre une récitation du Coran et y trouver une assise où le Nom de Dieu est magnifié. Ils arpentent de long en large la terre dans la seule intention de localiser un étudiant. etc. C’est durant tous ces instants que la confluence des deux mondes s’opère : le monde céleste des anges et le monde terrestre des hommes. Toutefois, deux moments semblent se démarquer par leur singularité respective. L’un, durant le jour lorsque les anges couronnent la plaine de ʿArafat en cette neuvième journée de Ḏū-l-Ḥijja, qui marque le point culminant du pèlerinage (ḥajj). L’autre, durant la nuit d’al-Qadr, communément appelée « du destin », au cours de laquelle une pluie d’anges, sous la direction de l’Esprit (Gabriel), aussi nombreux que les grains de sable, couvre la surface de la terre. Cette nuit représente aussi le point culminant de l’ascension spirituelle du Ramadan. Tout porte à croire, en cet instant, que les anges sont « déchargés » de toute mission hormis celle de participer au congrès magistral et majestueux de cette prestigieuse nuit. C’est alors, dans cette parfaite symbiose, que se manifeste la Miséricorde divine, la Paix (salām) divine, la Bénédiction (baraka) divine, l’Absolution (ʿafw) divine, la Délivrance (ʿitq) divine.
Yā Allāh aide nous à corriger nos imperfections.