
L'invocation de Yûnus (Jonas)
Suite du confinement (…)
La situation ne fait que s’assombrir, d’autant plus que nous n’avons aucune visibilité sur la fin de la pandémie. Jour après jour, le nombre de décès augmente proportionnellement au nombre des personnes atteintes par la maladie. Nos pensées et nos prières vont à l’endroit des familles déchirées par cette douloureuse épreuve et de l’humanité qui s’inquiète sur son sort.
Ce terrible destin n’a de cesse de nous plonger dans l’obscurité des ténèbres et de nous entraîner vers les abysses de l’incertitude. L’obscurité est si épaisse qu’elle ne se laisserait même pas pénétrer, pourrait-on croire, par un vent d’espoir. Pourtant le Coran dépeint une fresque admirablement bien plus contrastée quand de telles situations se produisent. Il évoque dans divers passages le récit du Prophète Jonas (Yūnus paix sur lui) et particulièrement l’angoisse intense qui étreignit son corps et son âme. Il était désormais coupé du monde, sous d’épaisses strates d’obscurité : l’obscurité de la nuit, l’obscurité des tréfonds de l’océan et l’obscurité des entrailles de la baleine. Cette dense opacité ne permettrait même pas à un homme de percevoir son propre corps et encore moins d’entrevoir un brun de lumière poindre au loin. Autant dire qu’il s’agit là d’un tableau des plus pessimistes dans lequel personne ne souhaiterait élire domicile. Le seul recours pour Sayyidunā Jonas (paix sur lui) était de lancer un appel empreint d’impuissance et d’humilité à Celui à qui rien n’échappe de la détresse de Ses serviteurs :
« Il n’est de dieu que Toi ! Gloire à Ta Transcendance ! J’ai été vraiment du nombre des injustes ! Nous l’avons exaucé et libéré de ses angoisses »
(Coran 21 : 87-8)
lui répondit Le Tout-Puissant. Les circonstances dans lesquelles était le Prophète Muḥammad ( ﷺ ) étaient foncièrement les mêmes pour Sayyidunā Yūnus ( ﷺ ). Il est d’ailleurs rappelé au Prophète Muḥammad ( ﷺ ) dans les premières révélations du Coran une bribe de ce triste épisode de la vie de Jonas ( ﷺ ) (Coran 68 : 48-9). Deux trajectoires opposées, mais qui acheminent vers une destinée ascendante commune. Le Prophète Muḥammad ( ﷺ ) disait :
« ne me préférez pas à Jonas fils d’Amitthaï (Yūnus b. Mattā) »
et probablement le répétait-il encore plus après son ascension céleste. En d’autres termes, le contraste de l’ascension (miʿrāj) de Sayyidunā Muḥammad ( ﷺ ) et la descente de Sayyidunā Jonas ( ﷺ ) dans les abîmes insondables des ténèbres, aussi diamétralement opposés que puissent paraitre ces deux tableaux, il ne faudrait pas avoir la naïveté de croire que l’homme à la baleine était plus loin de Dieu que l’homme à la traversée des sept cieux (paix et salutation de Dieu sur eux).
Que le Tout Miséricorde apaise les souffrances et dissipe le mal.
Amīn
