
Désintoxication et pacification
En ce mitan de mois de Shaʿbān, les douleurs sont devenues nos compagnes quasi quotidiennes. Les pertes humaines, la maladie, la précarité, la solitude, le confinement, etc., sont autant de souffrances vécues à différents degrés par la société. Par ailleurs, il est des souffrances auxquelles nous ne prêtons guère ou peu d’attention et que nous feignons d’ignorer. Sans cesse refoulées consciemment ou inconsciemment à la périphérie, voire à la frontière de nos esprits, pourtant s’y pencher devrait être une de nos préoccupations majeures. Quelle autre période serait davantage propice que celle d’un isolement non choisi, mais qui arrive à point nommé ? Cela est d’autant plus vrai en ce moment où nous venons de passer la mi-Shaʿbān. Dans un célèbre hadith, le Prophète – ﷺ – a dit :
« Durant la nuit du 15 de Shaʿbān, Dieu (exalté soit-Il) observe Ses serviteurs et leur pardonne, à tous, à l’exception des idolâtres et des querelleurs hargneux (mushāḥin) »
(Ibn Mājah et selon la recension de Ṭabarānī)
« Il sursoit le sort des haineux avec leur haine, jusqu’à ce qu’ils s’en débarrassent »
L’enseignement de ce texte s’articule autour de deux grands axes fondamentaux : l’associationnisme et les disputes. Le dire prophétique attire notre attention sur les deux axes principiels de la réconciliation : l’un, avec la dimension verticale, nous appelle à reconstruire une relation saine avec Dieu et l’autre, avec une dimension horizontale où l’accent est mis sur l’Homme, nous invite à entrer dans la pacification. En dernière analyse, la félicité se réalise par une désintoxication des querelles du passé et une réconciliation en vue de bâtir un monde meilleur. Rien de mieux pour se ressourcer et se préparer à la venue du mois de Ramadan durant lequel se trouve la nuit grandiose (laylat al-qadr), la nuit de la paix (salām).
Puisse Dieu l’Infiniment Miséricordieux nous aider à nous réaliser spirituellement et socialement.
Amin.
